"Femmes" article by Daniele Cohen-Levinas "Filastrocca" analytical commentary "Piranhas" vidéo-opéra "BogenLied" article by Florence Baschet "The Augmented Violin Project" article by Frédéric Bevilacqua "StreicherKreis" conférence extract "Dispositifs de captation" article by Serge Lemouton "Augmented String Quartet" article by Frédéric Bevilacqua "Organiser l'invention" article by Nicolas Donin |
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Femmes
article paru dans le cadre de la présentation du concert : réponses de Florence Baschet aux questions de Daniele Cohen-Lévinas. D.CL. Pourquoi avoir choisi de faire parler la langue hébreu et la langue arabe à travers deux femmes, autrement dit, au travers d’une représentation féminine de l’humain ? Fl.B. Je pense qu’il est important qu’un tel sujet en langue hébraique et en langue arabe soit porté par des femmes car elles ont toujours eu à mes yeux la potentialité d’exprimer la voix latente et de participer aux origines d’un monde nouveau. Les femmes de 1789, celles de 1917, les Siciliennes qui dénoncèrent les premières l’omertà, les femmes d’Alger et celles de la place de Mai... Pour moi, cette pièce est donc une histoire de terre, de deux langues distinctes mais aussi une histoire de femmes. D.CL. Est-ce précisément la notion de féminité qui unit ces deux langues et ces deux cultures ? Fl.B. Une partie du répertoire musical traditionnel se transmet de génération en génération par les femmes, au rythme des activités familiales, des fêtes et des rites. Là-bas, déjà gamine, on chante dans la cour de sa grand-mère ce qui constitue l’identité et la mémoire musicales de sa langue, l’histoire de son peuple et de sa terre natale. Il me semble donc naturel que ce soient des femmes qui chantent les poèmes de Darwich en arabe et de Laor en hébreu. D.CL. Avez-vous souhaité conserver l’hétérogénéité syntaxique de la confrontation de ces deux langues ou êtes-vous plutôt partie d’une idée d’homogénéité voire de fusion ? Fl.B. Les premiers sons prononcés par les deux femmes au début de la pièce sont des phonèmes communs aux deux langues, phonèmes qui constituent les racines des langues dites chamito-sémitiques. Ce sont des consonnes percussives, des syllabes pleines de bruit, des bribes de mot bégayés comme une langue consonantique qui balbutie. A partir de ce matériau linguistique se forment des prénoms, des noms topographiques puis des fragments de psaumes et de sourates, enfin les poèmes de Darwich en arabe et de Laor en hébreu.. Les femmes se retrouvent alors séparées par ce qui devrait les unir, le langage. Et chacune d’entre elles construit autour de sa langue un bloc musical distinct avec ses propres caractéristiques syntaxiques spécifiques. Le langage musical s'entend séparé dans des sphères autonomes dont chaque ligne vocale est pourtant déclarée souveraine parce qu'elle détient le texte. Au bout de ce cheminement individuel qui confronte les langues sur leurs disparités et ressemblances syntaxiques, les femmes se retrouvent sur quelques syllabes isolées et communes qui ensemble, forment des mots et permet aux 2 voix de permuter ainsi leur langue respective. D.CL. Pour écrire avec le support de ces deux langues, est-ce la sonorité qui vous a guidé, la structure, la ligne mélodique ou encore la métrique propre à chacune de ces langues ? Fl.B. En commençant à travailler sur le projet de Femmes, je ne connaissais ni l’arabe, ni l’hébreu. J’ai passé beaucoup de temps en bibliothèque et en librairie à lire et à me faire réciter dans leur langue respective les poèmes de Darwich et de Laor. C’est par l’écoute que je me suis immergée dans ces mondes sonores et ce fut pour moi une expérience musicale unique. J’ai immédiatement senti auprès de mes lecteurs la très haute exigence d’une accentuation juste, question polémique en herméneutique et fondamentale en sémiotique. C’est cette préoccupation première qui m’a guidé pour chaque ligne vocale. De là, j’en ai déduis la ligne mélodique et retranscris la métrique. Enfin, je voulais pour interpréter cette pièce des voix qui puissent chanter dans leur langue maternelle. D.CL. Votre lien avec la culture musicale de l’Orient provient-il du fait que l’Occident aurait selon vous épuisé des formes de contenu issues de la tradition musicale savante ? Serait-il ainsi nécessaire de se tourner vers l’Orient pour y puiser un réservoir d’idées et de formes que vous ne trouvez plus en occident ? Fl.B. Je ne pense pas qu’il faille généraliser à partir d’un projet spécifique comme Femmes, le désir d’aller chercher outre Occident des solutions musicales aux problèmes compositionnels de ma génération. L’idée musicale de cette pièce m’a envahie pendant plusieurs années, et c’est spécifiquement à partir de ce projet, pour le faire exister dans toute sa cohérence et son intégrité, que je me suis plongée dans la culture musicale de l’Orient. Pour cette pièce, je voulais deux voix issues du Proche-Orient, habituées depuis leur enfance à des techniques vocales spécifiques qui sont intimement liées à l’énonciation musicalisée de l’arabe et de l’hébreu et que je tenais à retranscrire musicalement comme certains cris, sons de gorge, figures mélismatiques, psalmodies, lamentations, tadrij et trille yodelé. Cependant, la pièce est volontairement définie par une écriture musicale parfaitement contemporaine de tradition occidentale dont je suis issue et que je revendique. La difficulté d’un tel projet était donc d’une part le choix des interprètes desquelles il est exigé une réelle compétence musicale habituée à la technicité de l’écrit de notre musique occidentale qui souvent s’oppose à la tradition orale du moyen orient. D’autre part l’intégration compositionnelle de certaines formes typiques du répertoire traditionnel comme par exemple la relation privilégiée, intime et monodique entre la voix et l'instrument accompagnateur, dans une forme instrumentale plus vaste et plus indépendante typique de notre répertoire occidental. Ce travail compositionnel qui s’enrichit aux sources de cultures musicales diverses est très évidemment bénéfique en apport d’idées, de contenus et de formes. Il l’est d’autant plus s’il arrive à en maîtriser les contradictions apparentes des différentes influences et à effacer les étiquettes de ce qui relève de l’Orient ou de l’Occident pour créer un langage musical à part entière qui ne tend qu’à célébrer musicalement la beauté du poème. D.CL. Votre manière de composer a-t-elle été bouleversée par l’écriture de Femmes ? Fl.B. Oui, très probablement. Comme toute tentative d’écriture. Comme un désir aussi très urgent d’essayer de palper l’essentiel. Comme encore l’expérience d’autres prospectives en matière de forme, notamment le rapport entre ensemble instrumental et les voix. Enfin, comme peut l’être la rencontre avec d’autres pensées musicales que la mienne. D.CL. Avez-vous souhaité en composant votre œuvre exprimer ou adresser un message qui excède le strict musical ? Fl.B. Oui, par le choix même du sujet. Il est important pour moi que le poète comme le compositeur puisse investir son travail dans des problématiques auxquelles il est confronté parce qu’il en est le témoin direct. En cela, Femmes est une pièce engagée , dans la mesure où elle cherche à faire résonner les poèmes de Darwich et de Laor dans le chant de leur langue (hébreu/arabe), non pas comme instrument de propagande mais comme langage poétique qui tend à célébrer les noces entre liberté et paix. (more informations, go to works) I (score) I (listen) I (editor) I (top of page)
Filastrocca
commentaire analytique de Florence Baschet présenté en master-classe 1- Le chant liturgique : la Confraternità di Castelsardo. Je me suis intéressée au chant de la confraternité de Castelsardo sur les recommandations de Mr Bernard Lortat-Jacob, chercheur au CNRS, ethnomusicologue et auteur du très beau livre Chants de passion aux éditions du Cerf (Paris 1998), ouvrage qui analyse les spécificités du chant choral des chanteurs sardes de la Confraternità de Castelsardo. Cette technique vocale est de tradition orale, transmise depuis des générations. Les hommes chantent a capella, en formation de quatuor de voix d’homme. Le phénomène acoustique surprenant est que cette habitude vocale recherche l’émergence d’une cinquième hauteur entendue, comme une cinquième voix à la triple octave de la fondamentale, voix d’apparence féminine appelée « la quintina ». Les principales qualités vocales qui créent l’émergence de cette cinquième hauteur sont : - la justesse spectrale de la voix qui cherche la consonance de l’accord en concordance avec les harmoniques de la fondamentale ; cette justesse « spectrale » permet aux harmoniques pairs et impairs de se doubler, de se renforcer et de créer ainsi des phénomènes de fusion harmonique (voir schéma de B. Lortat-Jacob ci-dessous).. - la qualité du répertoire musical liturgique et de l’écriture type organum avec accords syllabiques et accords en parallèle (technique de faux-bourdon, octave, quinte et quarte). - la transformation de la couleur vocalique par l’altération des voyelles du texte chanté, afin de privilégier certains formants du spectre harmonique. Ils déforment le latin, langue qu’ils ignorent et prononcent en sarde. - la puissance sonore de la voix qui concentre l’énergie vocale sur certaines harmoniques ou certaines régions du spectre harmonique dans un espace réverbérant. La quintina est produite par la fusion d’harmoniques dont les cycles concordent : L’élaboration du matériau électroacoustique de Filastrocca - Enregistrement des échantillons Je suis donc partie en Sardaigne à Castelsardo où j’ai pu rencontrer les chanteurs de la Confraternità que j’ai enregistrés en choeur et séparément : bassu - contra - bogi et falsettu, chaque voix sur les voyelles différentes (a, é, è, o, ou) dans deux tessitures, graves et aigues de leur ambitus. Ce sont ces « échantillons » sonores que l’on entend dans la pièce, sous leur forme originale et transformée, le matériau vocal des voix de Castelsardo étant omniprésent dans Filastrocca. - Analyse des échantillons En studio, après analyse de ces échantillons, il me sembla important de mettre en évidence deux caractéristiques de la couleur des voix de ces chanteurs : 1- la contradiction musicale entre l’apparente staticité de la voix (longue note tenue) et le comportement presque ‘chaotique’ des harmoniques de la fondamentale tout au long de cette tenue. 2- la couleur particulière du timbre de ce quatuor vocal par la fonction du ‘spectre’ sonore comme structure de ce chant qui rend possible l’émergence de la ‘quintina’. Partition électroacoustique : Les conclusions de cette analyse m’ont conduite dans le choix du type de transformations électroacoustique : la synthèse granulaire avec : 1- manipulation des harmoniques sur formants vocaliques et re-calcul des spectres vocaux (filtre, simulation...) 2- simulation de choeurs (jusqu’à 150 voix) avec PSOLA, algorythme de synthèse granulaire pour cheur virtuel. 3- transformations sonores en temps réel sur les 2 voix non-sardes 4- simulation d’un espace réverbérant. - Dispositif électroacoustique en temps réel pour Filastrocca Le matériau vocal des voix de Castelsardo est omniprésent dans Filastrocca. Il est diffusé sur les 8 haut-parleurs qui entourent le public, sous sa forme originale et tansformée. Système Mac / MaxMSP-Ircam / pédale midi pour le chef / Console de diffusion. Amplification des 2 voix (micros HF) et des 6 instruments. (more informations, go to works) I (score) I (listen) I (editor) I (top of page) pour voix de femme mezzo-soprano (Roula Safar) et voix d’homme, sopraniste (Fabrice di Falco) quatuor de saxophones solistes (le quatuor Habanera) avec ensemble instrumental dirigé (ensemble Pleïades dirigé par JP.Odiau): quintette à cordes (2vl-1vla-1vc-1cb), quintette à vents (fl.ob-cl-ba-cor), pno et perc. le public est immergé dans le son et dans l’image, entouré de musiciens qui jouent et d’écrans visuels couvrant les murs de l’espace : les images sont projetées sur les quatre murs de la salle. Les musiciens sont au centre, le public est assis autour des musiciens et chacun des quatre saxophoniste placés à un angle du lieu. plan de scène Les images sont peintes par Pietrantonio. Filmé par une caméra fixe, un piranha nage entre le mot « liberté » et mes images qui défilent au fond de l’aquarium, bribes de mémoire de notre humanité où la liberté est tantôt menacée, tantôt rebelle face à l’aliénation et à l’oppression. Ces images sont pour la plupart issues de détournements picturaux d’icônes de notre quotidien. Dans l’aquarium, au premier plan, flottent les lettres du mot « liberté », constituées de chair, que le poisson va s’empresser de dévorer. En dehors de la nature des images, j’ai voulu, par la spatialisation et le rythme même de ces images, jouer sur la réception kinesthésique de l’image par le spectateur. Ce dernier est en effet dans le même espace que le poisson liberticide, il est dans l’aquarium avec lui, dans un espace clos, presque carcéral. Mais face à la folie dynamique du prédateur, lui, reste immobile, spectateur. Va-t-il expérimenter sa passivité, voire sa complicité dans le goût même qu’il tire du spectacle? Le rythme des images, leur débit rapide comme celui d’un fleuve me permet aussi de créer comme un vertige chez le spectateur, alors plus receptif aux jeux de tensions glissés dans l’enchaînement des images, et de l’interroger à un niveau encore perceptif et inconscient sur ses réactions d’empathie ou de colère face à mes images, dans l’espace et la temporalité tels que nous les avons mis en scène. Pietrantonio (more informations, go to works) I (score) I (listen) (editor) I (top of page) BogenLied (more informations, go to works) I (score) I (listen) I (editor) I (top of page)
"The Augmented violin project"
article de Frédéric Bevilacqua Equipe Interaction Temps Réel, Ircam > (more informations, go to works) I (score) I (listen) I (editor) I (top of page)
StreicherKreis, Structures formelles
extraits de la conférence de Florence Baschet, 15 novembre 2008 à l'IRCAM (more informations, go to works) I (score) I (listen) I (editor) I (top of page)
"Utilisation musicale de dospositifs de captation du mouvement de l'archet"
article de Serge Lemouton réalisateur en informatique musicale, Ircam (more informations, go to works) I (score) I (listen) I (editor) I (top of page)
"The Augmented String Quartet"
paru dans le Journal of New Music Research Article de Frédéric Bevilacqua Equipe Temps Réel, Ircam (article on line) (more informations, go to works) I (score) I (listen) I (editor) I (top of page)
"Organiser l'invention technologique et artistique ?"
article de Nicolas Donin, Samuel Goldszmidt et Jacques Theureau Equipe de recherches Analyses des Pratiques Musicales, Ircam (ore informations, go to works) I (score) I (listen) I (article on line) I (top of page) |
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